lessphp fatal error: expected color value: failed at `-groups.less";` /home/doza2329/galeriearnaudbard.com/wp-content/themes/theme51394/bootstrap/less/bootstrap.less on line 37 Florent Chopin - Interview | Galerie d'art Arnaud Bard - Peinture Sculpture à Boulogne-Billancourt Paris

Florent Chopin – Interview

Galerie A. Bard : A quel moment as-tu senti que tu deviendrais Peintre?
Florent Chopin : Durant ma jeunesse, je ne savais pas que je deviendrais artiste. J’étais très occupé, études universitaires (principalement en Sciences Sociales), Ecole des Beaux-Arts, travail salarié. Tout ça en même temps.
A côté de cela, il y avait les recherches personnelles, surtout l’écriture et le dessin ; puis la pratique de la Dérive, la plongée dans l’URBEX, l’exploration de multiples univers, la rencontre des derniers surréalistes. Un jour, un peu par hasard, j’ai entendu parler du Prix Félix FENEON, j’ai présenté trois dessins monumentaux et j’ai été lauréat.

A B : Quels sont tes rituels dans ton atelier, avant de te mettre au travail ?
F C : Je me rends à mon atelier à pied et je le vis comme une chance. J’habite à Saint-Ouen sur Seine, au cœur des Puces. C’est pour moi un environnement devenu presque indispensable. Même si les Puces sont désertes 4 jours sur 7. La marche dure une quinzaine de minutes. Avant de partir, je me suis déjà saisi du paysage à travers la vitre. Sortant, je cherche des yeux, le corbeau, non loin de son nid, les pies, le chat blanc qui me rappelle des palais lointains ou les neiges éternelles ou de vieux Maharadjas, je regarde aussi les feuillages, les grappes roses des marronniers ou les pousses du yuzu ; je suis maintenant dans la rue et c’est autant un voyage qu’une aventure, bien sûr !

 

« Ma voisine Andromède » - 80 x 80 cm

 

A B : Quelle est l’inspiration de tes créations ?
F C : Ce n’est pas tant l’inspiration qui déterminerait mon orientation dans le travail, mais plutôt la nécessité ; la nécessité dans la respiration ; respirer avec et dans le monde et le ressentir de tous ses pores. Pour moi le Monde, aussi infini soit-il, c’est la vie, et la Vie c’est le monde ; je ressens une échelle d’égalité ou le besoin d’une recherche d’égalité pour toute chose ; renverser l’échelle des valeurs.

 

A B : Quel message transmets-tu à travers tes toiles ?
F C : On écrit ce que l’on veut lire comme on peint ce que l’on veut voir. Je n’ai jamais su ce que c’était vraiment qu’un message. Ce que je vois, c’est le danger, la façon dont ça finit, dans la dénaturation ; le message est volatile ; je m’intéresse plutôt aux plaques tectoniques : la poésie, la charge poétique du monde, la pensée magique, comme l’incarnait si fondamentalement ma mère ! La poésie est une science exacte.

 


A B : Partant sur une ile déserte, avec quel mentor aimerais-tu partir, et pourquoi ?
F C : « Je » est une île ! Je suis une île ! Chacun de nous est une île ! C’est la façon dont je vois et pense les choses. Une île déserte, c’est autre chose et ma mémoire est encore vibrante de l’histoire de Robinson Crusoé !

 

A B : As-tu une anecdote à nous livrer ?
F C : C’était il y a vingt-cinq ans. A la maison. J’ai vite compris que l’équipe qui faisait tous les travaux était composée de sans-papiers ; et lorsque l’un d’entre eux, Alberto, un Colombien, un pinceau sale à la main, m’a demandé, regardant un collage Dada-Minimaliste dans le couloir :

« -Monsieur Florent, qu’est-ce que ça veut dire ? Je comprends pas », je l’ai pris en amitié et me suis occupé de lui. Ce sont des affaires qui prennent du temps. Mais tout était réglo, on l’a sorti d’affaire ! Les mois, les années passent… Un peu, beaucoup… Une femme, un couple, la vie, la belle ! Alberto m’appela un jour pour m’annoncer la naissance de leur enfant et m’invita à les visiter chez eux à Saint-Denis. J’arrivais rue de la République ! Le temps de chercher l’adresse, l’immeuble, j’y étais déjà, je passe la porte cochère, et là, on appelle Zola au téléphone, on grimpe dans une ruine, on sent que tout s’écroule ! Mon cadeau à la main, j’arrive quand même au troisième, le bébé, le lit, la porte !!! Alors que j’ouvre vraiment les yeux, que je retrouve ma respiration, comme enserré entre deux pôles, je réalise que les murs sont couverts de mes tableaux, et qu’au milieu, telle une idole vivante, la femme d’Alberto dont je sens perler le sang indien, grave et altière, belle et profonde, me salue couverte de tous les bijoux du monde, bagues à chaque doigt, parfois plusieurs, des bracelets jusqu’aux coudes, des colliers comme autant de couronnes !!!!